Aller au contenu principal

Témoignage
de notre association partenaire
en Haïti face
à la crise du COVID-19

David de l’ONG Interaide, l’un de nos partenaires en Haïti partage avec nous son ressenti sur la situation en Haïti et ses possibles conséquences.  Il nous explique également comment les équipes sur le terrain s’attèlent à réaménager les projets afin de pouvoir continuer à travailler et ne pas prendre trop de retard (notamment pour les projets scolaires).

"En Haïti les données sur le coronavirus sont difficiles à recueillir et les chiffres avancés à prendre avec précaution. A ce jour, un peu plus de 15 cas de coronavirus sont confirmés [1] mais les diagnostiques se font très rare. Pour contenir la propagation, le président haïtien a décrété le 19 mars l’état d’urgence sanitaire, ordonné aux habitants de limiter leurs déplacements au strict nécessaire et imposé un couvre-feu de 20 heures à 5 heures du matin pendant un mois. Les écoles, universités, ports et aéroports, lieux de cultes et usines sont fermés et tout rassemblements de plus de 10 personnes interdits.

 Il est difficile d'anticiper ce que le covid-19 provoquera en termes d'impact. Au niveau de la santé, la population haïtienne est très jeune, donc potentiellement plus résistante. Mais la malnutrition et la présence d'autres maladies endémiques et récurrentes (hypertension, etc.) peuvent augmenter la proportion de cas avec complications. Hors, le système de soins n'est pas opérationnel ; le pays compte seulement 124 lits de soins intensifs pour onze millions d’habitants.[2] Donc l'immense majorité des cas avec complications devront s'autogérer.

L'impact au niveau social peut être aussi important, dans la mesure où la peur est véhiculée par les medias et les réseaux sociaux et exacerbée par des fake news et superstitions. Le fait de préconiser l'éloignement social se traduit parfois par une agressivité envers les cas suspects, qui sont instinctivement rejetés par les communautés.

L'impact économique risque d’être redoutable, puisque la fermeture de frontières avec la République Dominicaine réduit fortement l'arrivée de marchandises. Haïti doit compter de plus en plus sur sa production nationale, alors qu'elle a été très réduite ces dernières années du fait de politiques libérales imposées par les USA. Les prix vont donc beaucoup augmenter. Les Haïtiens qui avaient la possibilité de chercher du travail en République Dominicaine devront se tourner vers d’autres solutions alors que le pays voisin représente une soupape importante dans l'économie des familles. 

La situation actuelle a également des répercussions sur les projets d’INTERAIDE. Les écoles étant fermées, il est difficile de poursuivre les projets scolaires. L'interdiction de réunir plus de 10 personnes empêche aussi d'envisager les activités habituelles de sensibilisation et de formation. Un module de formation à toutes les équipes sur la transmission du coronavirus a été proposé, afin que sur le terrain il y ait des référents capables de donner des informations correctes et de conseiller sur la prévention. Les équipes étudient la possibilité d'organiser des tutorats de maîtres en petit comité, pour travailler sur des sujets de fond comme la préparation des leçons, ce qui peut faire gagner du temps sur l'année scolaire prochaine. Cela dépendra de la motivation des maîtres.

Les équipes envisagent également de proposer des activités adaptées de renforcement d'acteurs dans les différents projets. Sur les projets HAE (Hygiène, Assainissement, Eau potable) c'est assez naturellement qu’ils peuvent revenir sur l'importance de se laver les mains, car c'est un message qui fait partie intégrante de l'activité. Elles sont en contact avec les autorités sanitaires et locales pour agir en accord avec les directives du gouvernement." 

Témoignage de David, représentant de l'ONG Interaide en Haïti