J’ai contacté Martin pour me proposer à la distribution. Un sms arrive en fin d’après-midi m’invitant à venir…
Le premier jour.
La préparation. J’appréhende. Un peu de crainte : la question du transport. Le bus, le train et le métro…. Le risque de contamination. Je ne respecte pas le confinement. J’ai bien rempli mon attestation de déplacement dérogatoire. Elle est bien dans la poche de mon blouson. Le bus est vide. Il faudra attendre longtemps pour monter dans un train. Je ne rentre qu’en dernier et m’isole dans le fond du compartiment. La gare Saint Lazare est muette. Les quelques voyageurs semblent en perdition. Je ne prends pas le métro et me rends à Montcalm à pied. Trente minutes de marche. Du monde… Certes un peu moins de passants mais les voitures circulent…
« Bonjour François ». Martin me rassure. Je suis content de le revoir. Petit tour au bureau pour me préparer. Un petit café. Martin sonne le rappel pour la réunion. Aujourd’hui, on ne distribue pas. On se prépare pour demain. Nous sommes une dizaine. Les habitués et des salariés de Ramey. Un schéma figure sur le paperboard. On échange. Quelques voix sont hésitantes. La mienne en fait partie. L’émotion est là. Le premier plan est défini. Les « rôles » sont attribués. Les obligations de respect des attitudes envers chacun sont scrupuleusement énoncées. Distance de sécurité. Lavage régulier des mains. Eviter de se toucher le visage.
L’objectif de ces trois prochains jours est de mettre au point ce nouveau plan de distribution avec les habitués. Ils devront former les bénévoles de la semaine prochaine. Les roulements des équipes permettront le repos des fatigués. Des « kits » sont préparés. L’équipe des préparateurs dépose les articles en suivant la liste énonçant les produits. La pile des caisses prend forme. On m’attribue le rayon des fruits et légumes. « Je vais te trouver des caisses au sous-sol » me dit Charles. Elles sont vertes. J’aligne deux rangées. À gauche, les fruits à droite les légumes. Je répartis au mieux les fruits et les légumes dans les sacs en papier. Dix heures trente. Le camion de la ramasse vient d’arriver. Les chariots débordant de produits frais se suivent pour être triés et remplir les armoires frigorifiques. La part de légumes et fruits est conséquente. Je suis content. Les camarades m’aident pour le tri. C’est l’heure de se restaurer. David a préparé les tables et nous a mijoté un lapin à la moutarde. Nous respectons nos distances. Deuxième passage du camion de la ramasse.
Reprise en début d’après-midi. Réunion pour faire le point. Premières remontées. Thierry a contacté les bénéficiaires pour décaler et organiser les rendez-vous. Je quitte le Libre-Service Solidaire.
Le deuxième jour.
Premier jour de la distribution. Le test en direct. Une réunion pour débuter notre journée. Consignes. Recommandations. Organisation de la file d’attente. Pose des barrières et des marques au sol sur le trottoir. Mise en place des tables délimitant l’accès restreint à une personne. Le distributeur de gel est là à l’entrée. Passage de la ramasse. C’est parti. On ouvre.
Je finis de remplir les caisses et je continue le tri avec l’aide de David. « Un couple deux enfants et un bébé ! » annonce l’accueil. L’équipe des kits apporte le caddie complété des fruits et légumes et de la ramasse. Passage à la caisse. David comptabilise dans le logiciel. Je m’assigne un seul objectif qui est de maintenir le niveau des caisses. Éviter la rupture pouvant rompre la chaîne de distribution. Les caisses se vident très vite. Pose déjeuner.
Reprise en début d’après-midi. Le rythme est aléatoire. Parfois très soutenu et des creux. Fin de la distribution. Réunion de fin de journée. Le bilan est positif. David propose que l’on s’applaudisse. On range. On désinfecte avec du vinaigre blanc. On complète les rayons pour le lendemain. Je rentre bien fatigué. Heureux de cette journée de partage.
Le troisième jour.
Les transports sont réduits. Le bus habituel est annoncé dans 30 minutes. On est samedi. Quarante-cinq minutes d’attente pour le train. Je prends le métro. J’arrive en retard. L’activité bat son plein. Des nouveaux bénévoles sont avec nous. Les camarades se sont occupés du rayon. Je tiens le rayon pour la matinée. Pour l’après-midi, étant remplacé au rayon, je descends en sous-sol pour faire du tri à la collecte. 17 heures. Je quitte Montcalm.
J’ai passé trois jours riches en émotion et en contact avec des nouvelles personnes. Je sais que pour le moment, il ne m’est plus possible de venir aider. J’habite la banlieue. Merci à Martin pour ses informations régulières. Je continue à participer en travaillant à distance sur le projet de l’aide alimentaire.
- François Baron